Natacha Polony parle du livre de Thibault Isabel sur Proudhon
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«Quiconque essaye aujourd’hui de
remettre en cause les dogmes néolibéraux se voit systématiquement renvoyé à un
schéma d’opposition entre libéralisme et communisme. Il n’y a rien nous dit-on entre
le monde actuel, c’est-à-dire le libre-échange absolu, et l’Union soviétique,
c’est-à-dire le collectivisme. On retrouve là le pendant du vieux binôme «ouverture-fermeture».
Sauf qu’il devient du coup intéressant d’aller chercher du côté des figures du
socialisme non marxiste, c’est-à-dire de ceux qui portent une alternative
véritable. Et c’est pour cette raison que le livre de Thibault Isabel est très intéressant. Il s’agit
d’une biographie en forme de réflexion autour de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon, L’anarchie sans le désordre,
ouvrage préfacé d’ailleurs par Michel Onfray, qui se réfère lui-même à Proudhon
depuis longtemps. Thibault Isabel défend l’idée d’une démocratie fédérale que
Proudhon appelait « anarchie » et qui n’a rien à voir avec l’absence
de régulation ou la loi de la jungle. En fait, Proudhon s’appuie sur des
individus autonomes. Il se tient du côté des communes plutôt que de l’État jacobin,
c’est-à-dire le contraire de ce marxisme ultracentralisé qui va lui faire
concurrence. Voilà pourquoi Proudhon a été systématiquement caricaturé par Marx
et ses disciples. Il ressort de tout cela une réflexion profondément actuelle.
Par exemple sur la critique du libre-échange, sur le protectionnisme, sur la
différence entre l’anarchisme proudhonien et le libertarisme des utopistes
américains de la Silicon Valley, sur l’enracinement dans la terre et le lien à
l’environnement, développements absolument passionnants qu’on ne soupçonnerait
pas, et qu’on trouve pourtant ancrés dans la réflexion de Proudhon. N’oublions
pas non plus les développements sur l’économie mutuelliste, c’est-à-dire tout
ce qui peut recréer et ressouder les liens de solidarité entre les ouvriers. C’est
là un véritable programme politique, en fait, qui démontre que le fameux TINA («There
is no alternative») brandi par Margaret Thatcher en son temps, et brandi
aujourd’hui par les néolibéraux, ne tient pas une seconde!»
[SÉLECTION]@NPolony recommande cette semaine Pierre-Joseph #Proudhon, l'Anarchie sans le désordre de Thibault Isabel➤https://t.co/h4jfaB4Fox pic.twitter.com/gaarTxfG0i— Polony TV (@Polony_tv) 15 juin 2017
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15 juin 2017
Natacha Polony recommande cette semaine Pierre-Joseph Proudhon, l'Anarchie sans le désordre, paru aux éditions Autrement, un ouvrage de Thibault Isabel.
AUTEUR

Thibault Isabel, Proudhon : l'anarchie sans le désordre, préface de Michel Onfray, Autrement "Université populaire", 2017, 18,50 euros -
Proudhon écrit :
« Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu... Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. »
Voilà de toute urgence un homme à connaître...